L’Europe au défi des populismes nationaux : la communication politique centrifuge des élections de 2019

L’élection présidentielle française de 2022 n’est pas sans dérouter quant à sa signification pour le processus démocratique du pays. Comme le montrent les contributeurs de ce volume, Emmanuel Macron a conduit sa communication électorale comme son mandat antérieur, avec une verticalité confondante : une entrée en campagne tardive, un programme de campagne a minima, une volonté inédite de contrôler le processus législatif qui allait suivre… 

La personnalisation extrême de cette élection en 2022, au détriment des canaux traditionnels de l’intermédiation politique entre gouvernants et  citoyens, n’est pas sans conséquences sur l’évolution de la démocratie en France, ne serait-ce que par la brèche qu’elle ouvre en faveur des programmes et des personnalités politiques populistes. 

La communication politique des élections européennes de 2019 a été paradoxale à plusieurs titres. Alors qu’il s’agissait des dernières à inclure la Grande-Bretagne avant son départ de l’Union, elle n’a pour ainsi dire jamais évoqué le Brexit. Alors que pour la première fois depuis 1979 la participation a augmenté, ce sont les partis populistes et leur communication à connotation populiste qui en ont bénéficié, remettant en cause la culture de compromis qui s’était établie de longue date. Alors que l’on pensait la culture médiatique disparate entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, les électeurs ont montré une grande communauté d’hybridation des usages médiatiques, de mise en relation synchronique des médias traditionnels et des réseaux sociaux. Ainsi cet ouvrage met en évidence un nouveau paradoxe : en somme, si l’Europe a semblé en proie à de puissantes forces centrifuges, l’électeur européen, lui, semble bien exister, comme le montrent les contributeurs français et européens de ce volume.

La communication politique des européennes 2014 : pour ou contre l’Europe ?

Du fait d une faible participation de l électorat et du peu d importance qu on leur accorde, les élections au Parlement européen sont souvent qualifiées d élections de «  »second ordre » ». Mais en 2014, les succès à cette élection des partis antigouvernementaux, dont les résultats restaient en général sans lendemain, marquent cette fois une tendance politique durable, caractérisée par une violence inhabituelle envers l Union Européenne et des idées nationalistes souvent empreintes de populisme.

La communication politique européenne sans l’Europe : les élections du Parlement européen de 2009

Existe-t-il un espace public politique européen? L’étude de la communication politique des élections au Parlement européen de 2009 peut en faire douter.
Dans la plupart des pays de l’Union Européenne, à commencer par la France, la communication politique des élections au Parlement Européen de 2009 s’est placée sous le signe paradoxal de l’absence de l’Europe dans les débats. 
Alors que les chercheurs du Ceccopop/Largotec de l’Université Paris Est et leurs partenaires étrangers réunis sous la férule de Philippe Maarek avaient observé lors d’un précédent ouvrage dans cette collection qu’en 2004, ces élections avait souffert d’un fort eurosepticisme, en 2009, l’Europe n’a souvent même pas été le sujet: les enjeux politiques, économiques et sociaux de chacun des pays ont largement pris le pas sur l’objet théorique de la communication, l’élection des députés de l’Union Européenne et les enjeux européens corollaires. 
L’homogénéité technique des modes de communication politique, du spot audiovisuel à Internet, est la seule constante observée par les chercheurs, opposée à l’hétérogénéité inattendue des contenus politiques, tous axés vers la politique intérieure – à la seule exception de la percée fréquente de l’écologie, dénominateur commun tout de même faible de cet Espace Public Européen décidément introuvable.

Chronique d’un « non » annoncé : la communication politique de l’Europe (juin 2004 – mai 2005)

Le  » non  » des Français au référendum sur la Constitution européenne en 2005 (suivi de celui des Néerlandais), était-il imprévisible ? La campagne pour les élections européennes de 2004 ne le laissait-elle pas présager par ses faiblesses et par ses carences ? Les chercheurs du Centre d’Etudes Comparées en Communication Politique et Publique (CECCOPOP) et leurs collègues de plusieurs pays européens ont analysé les campagnes de communication politique des élections parlementaires européennes de 2004, puis celles menées pour le référendum pour la Constitution européenne de 2005. Ils ont constaté que, certes, le  » non  » au référendum a été en bonne partie provoqué par les erreurs, errements, parfois, de la communication politique de ceux-là mêmes qui défendaient le  » oui « .

 Ils exposent aussi la toute nouvelle influence d’Internet, et en particulier des  » blogs « . Mais ils constatent en outre que la campagne des élections parlementaires européennes de 2004 contenait en germe le  » non  » de l’année suivante : à de rares exceptions près, la communication politique de la plupart des partis en campagne pour le Parlement européen apparaissait alors, au mieux, comme principalement dominée par des enjeux nationaux, au pire, comme présentant l’Union européenne comme une Union de tous les dangers contre laquelle il fallait se protéger.L